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Crachats d'étoiles

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Auto-fragmentation

Kévin avait basculé sur son siège trop grand, sa tête pleine de boucles appuyée contre un oreiller de fortune, les pieds hissés sur le pare-brise pour le décorer d'empreintes. Pouce dans la bouche, le bout du doudou coincé dans le poing. Quand j'étais petite, je lui revelais les paupières pour voir si, derrière, ses yeux bougeaient ou pas (mon esprit scientifique sans doute).

On filait dans les Vosges fenêtres ouvertes pour laisser gueuler le vent.
Puis arrêt, tout le monde descend.

Pierre trace devant comme à son habitude. Je crois que j'ai été assez méprisante avec lui. "Arrogante", dirait l'autre. Peut-être. Mais il a vraiment quelque chose de bovin dans le regard, cette espèce de renfermement à l'intérieur de lui-même, cette façon de ne sortir que des phrases utilitaires, ou des phrases sur son bac tout proche qu'il est presque sûr d'avoir avec mention Très Bien, ou des phrases sur sa future prépa Hec - rien que ça-, sur son futur studio à Nancy. Tu seras bien, là bas, dis. Tes parents crèvent de fierté, ils nous ont dit le prix tout bas, d'un air "On a fait une folie mais il le mérite bien". Tu le mérites bien. Tu étais en premier là aussi, dans cette randonnée familiale, tu ne te souciais même pas des pierres que tu escaladais; tes jambes sont assez grandes, assez fortes pour ça. On n'a presque pas parlé, pendant ce week-end. D'ailleurs tu parles pas - ou un peu, mais c'est jamais directement à moi, comme si toutes les phrases qui m'étaient adressées devaient automatiquement passer par un épurateur, un intermédiaire. On communique par vases communiquants. Au final on ne se touche pas. Tout ce que j'apprends de toi, c'est toujours furtivement, presque volé. J'ai su que tu faisais tes TPE sur "le muscle artificiel" en ouvrant sans bruit une de tes pochettes abandonnées dans le couloir. Moi, c'est sur la propagande maoïste. Tu vois, Pierre, dès le départ on est pas dans le même registre. J'ai frôlé du doigt un manuel de philo, qui traînait au pied de ton lit aux couettes de petit garçon. Je me suis demandée si tu aurais les mêmes, dans ton 44 mètres carré. Remarque, c'est toi qui a eu le joli titre de "roi des sociables", j'étais seulement deuxième dans le classement. Normal: tu quittes la salle le plus vite possible; moi je reste, et je sors mon livre.

Anne a rangé ses talons et enfilé des baskets en râlant. Puis elle a fait un noeuf à sa jupe à broderies, après s'être aperçue que c'était pas génial pour grimper la côte. Ca lui donnait l'air d'une grande dame qui veut se faire passer quelques instants pour une aventurière. Je l'aime bien, Anne. J'ai dormi dans sa chambre; moquette rose, rideau rose qui devient lumineux dans la lumière du matin, murs roses. Mais tout ça très harmonieux, pas du tout ostentatoire ou ridicule. Sur le piano, une partition "Valse d'Amélie", et des chapeaux à rubans que j'ai essayé pour rire. Sur ton fauteuil, un petit coussin en forme de coeur, et en satin de la couleur appropriée; et ça m'a fait hurler de rire pendant dix minutes, quand j'ai réalisé assez grossièrement: "Anne pose son cul tous les soirs sur un coussin de princesse". D'ailleurs, il sert à rien, ce coussin, même pas rembourré. Juste là pour l'harmonie de l'ensemble - vraiment, le mot "ensemble" te va bien, tu t'appliques à tout accorder, la couleur de ta robe avec celle de tes chaussures avec celle de ton sac. Et ça serait trop facile de se moquer de toi, de te réduire à une petite chose superficelle; tu es bien plus, tu es gracieuse et assurée, dans tes ensembles parfaits.

Je suis restée à l'arrière avec Kévin. J'aime bien l'arrière. On n'a personne pour pousser, pour harceler comme sur les routes de la région parisienne. Kévin trottinait et remplissait ses poches de cailloux qu'il trouvait jolis. A un moment, ça a débordé, et il s'est mieux à pleurer de ne pas pouvoir tout emporter. Le tee-shirt, le pantalon, les bras pleins de pierres rose poussière ou violet pâle. Un trésor de guerre, il dira plus tard:  "Regarde Maman j'ai trouvé des diamants". Il emmagasine les pommes de pin, m'explique que c'est pour nourrir des castors. Marrant comme ce gosse fonctionne sur une autre planète. Quand on pense à ce qu'il deviendra, pourtant - un petit râté ni très fin ni très débrouillard, métier de fin de chaîne, cervelle un peu tordue, ancien ramasseur de diamants vosgiens.

Christine m'a fait une scène parce que je ne petit-déjeunais pas. Elle commençait ses phrases par "Une jeune fille élégante doit..."; avec une pointe de dérision, évidemment, mais on sentait le sérieux derrière. Elle m'a même offert un guide "alimentation équilibrée", un joli fasicule en couleur, pour que je m'améliore, on sait jamais, au cas où ça serait possible. Mais regarde-moi Christine. Les poils des poupées, ça repousse jamais, tu sais.

Alexandre va se marier, il parait. Vos vies s'imbriquent toutes seules paisiblement. Vous êtes ce que vous deviez être. C'est bien. Chez vous on regrettera rien.

 

On est monté sur l'observatoire en bois branlant. Tout là-haut y avait une carte gravée dans un rond de fer tellement brûlant qu'on pouvait pas poser ses mains dessus, et qui indiquait les villes alentours avec une grande aiguille de métal. Je l'ai fait tournoyer un instant, puis je l'ai pointée sur "Remiremont", comme ça, juste pour elle; parce que derrière les sapins, on apercevait un peu les toits.


---

Descente.

[Et toi, tu vas devenir quoi?]
[Tu sais ce que tu vas faire?]
[Tu as des solutions de rechange?]
[Ca se passe bien en ce moment?]
[Comment tu vas t'organiser dans quelques années?]
[Ce serait bête que tu n'aies pas un bon métier.]
[Ce serait bête que tu ne réussisses pas.]

Ils disent toujours "Tu vas devenir quoi?", jamais "Tu vas devenir qui?

Ecrit par Kohva, le Lundi 31 Mai 2004, 00:36 dans la rubrique "".


Commentaires :

  Ermith
Ermith
31-05-04
à 16:16

Tu sais, j'y vais tout le temps, là. Quand j'étais petite je posais mes fesses sur la carte gravée dans le truc en métal, et même que je demandais déjà où c'était Paris.

 

:)

 

On se voit bientôt quand même.


  Kohva
Kohva
31-05-04
à 16:29

Re:

Oui oui, même qu'on va se claquer joyeusement le 21; mais faudra me ramasser à la petite cuillère, j'aurai mon oral le 24. Et ne t'étonne pas si j'entonne le commentaire de "La Cour du Lion" au lieu de joyeux anniversaire >< C'est compulsif. Déjà. Gnn.

[N'empêche que je l'attends, ce 21 :.)]
[Et l'après surtout]


 
31-05-04
à 17:34

Re: Re:

J'aimerais bien venir le 21, mais je pense plutôt que ce sera pour la première semaine de juillet... T'es là ?

 
31-05-04
à 17:35

Re: Re: Re:

(C'était Pal. Comment on modifie l'avatar ?)

  Ermith
Ermith
31-05-04
à 18:39

Re: Re: Re: Re:

Ben je serai chez moi quoi :(

  Elevation
Elevation
31-05-04
à 18:30

Re: Re: Re:

Pas possible, 1ere semaine de juillet c'est déjà reservé. Ainsi qu'une des deux dernière semaines d'aout (Oui c'est nouveau.)
Ainsi que le week end du 12 (Enfin après ça dépend de toi hein.)

 


 
31-05-04
à 22:34

Re: Re: Re: Re:

"Palala."
(Citation.)

Pas là là.
Pas là Pas là.
Pal là Pal là.
Pal pas là.
Non.
Pal pas pas là.

(Moi?)
Pas là Pas là Pas là.

  Kohva
Kohva
01-06-04
à 00:55

Re: Re: Re: Re: Re:

Mes commentaires ils sont assez folklore en général Oo

 
02-06-04
à 16:29

Re: Re: Re: Re: Re: Re:

Hmmf.

Folkloriques ?

Ceci dit, comme qui dirait :
"That's all Folks".

Donc, en même temps...