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Le règne du glauque

En parlant avec O., je me suis dit que toutes mes années entre onze et seize ans n'avaient été qu'un vaste règne du glauque, une cour de récréation où ne joueraient que des petites filles difformes, comme celles de Kafka.
On a beau essayer de le transformer en faux tragique, d'arranger ça avec les compromis de la tristesse [car la tristesse est belle] : ça n'était que du glauque. D'ailleurs la sonorité est assez laide pour en contenir l'idée.

Plus j'y repense et plus je me dis que je ne pouvais aller qu'en fac de philo. La philo est ce qui m'a permis de cerner le glauque et d'en sortir un peu. Quand on fait de la philo, on effectue un retour étrange sur soi-même, une pirouette sur ses propres ordures. On colle des mots que ce qu'on ne savait pas nommer. Et surtout, on ne subit plus.

La philosophie est le contraire du glauque. Quand on réfléchit, on épure ce qui nous avait englué. Le glauque, c'est cette glu qui paralyse jusqu'à la gorge (vous aussi vous avez souvent la gorge serrée? Moi aussi. Parfois.)

Nous avons voulu croire que nous éprouvions les douleurs splendides des grandes héroïnes tragiques. Et nous nous agitions sur scène avec des couteaux distinctivement plantés dans le ventre.
Maintenant, changez le décor. Prenez cette Phèdre de comptoir qui vomit son poison ensanglanté sur sa robe de reine. Placez la au milieu d'une rue où les gens passent, une rue pas très propre comme le sont toutes les rues des villes, entourée d'immeubles autour où les gens fument aux fenêtres, avec des poubelles fermées à cause de Vigipirate et des chewing-gums qui redessinent la voix lactée sur le bitume. C'est ça, vous avez l'arrière-plan. Et maintenant, imaginez Phèdre qui se convulsionne en déclamant ses vers sur son petit trottoir dégueulasse.

Vous l'avez, le glauque.

Ecrit par Kohva, le Dimanche 24 Avril 2005, 05:21 dans la rubrique "".