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Ne pas embarquer

J'avais prise cette photo sur un quai de Bruxelles, lors du voyage en Belgique. La scène n'avait fait rire que moi, et pourtant elle avait des allures de comédie absurde: ne pas embarquer, mais embarquer où? Il n'y avait aucun train, et d'ailleurs le quai était curieusement vide pour un soir de semaine.

En ce moment (à cause de la fin du bac sans doute), tout le monde fait l'apologie du départ, de l'embarquement, du chemin qui s'étale devant nous, et le voyage, et l'aventure. Juin doit avoir des airs de voyage, et à défaut de partir en vacances on s'imagine partir dans la vie. Quand je croise les gens après une épreuve, et que j'ose jouer l'électron quelques minutes pour les entendre discuter, je remarque qu'à chaque fois il utilise la métaphore du voyage pour décrire leur parcours universitaire. Ils se sentent pousser des ailes [même des ailes d'avion] devant l'inconnu, et le nouveau, et le lointain qui se rapproche. La fac, c'est devenu cet horizon bleuté dont on aperçoit l'arrondi quand l'avion prend le large. (Un instant très particulier, très typique de l'avion, et qui vaut le décollage à lui tout seul: celui on s'aperçoit, dans la petite fenêtre maladive, que Christophe Colomb avait raison.)

Les étudiants embarquent. Ils n'étudient pas: ils embarquent. Un verbe gonflé par l'enthousiasme comme une grenouille sans le boeuf.

Chez moi, il y avait simplement marqué:
Vous avez accepté définitivement la formation : 
******* - Lettres- Sans internat - voeu n° 1 .
Conformez-vous à présent aux instructions données par l'établissement (rubrique "message de l'établissement").

Et les gens de hurler "Mais pourquoi tu ne nous en avais pas parlé?"
Ne tentons pas le diable. Surtout quand il prend le train, lui aussi.

Ecrit par Kohva, le Mercredi 15 Juin 2005, 22:48 dans la rubrique "".


Commentaires :

  Feu
Feu
18-06-05
à 20:58

Oh mon dieu. C'est fou, mais j'adore ces écrits.

Je suis arrivée ici par le biais du blog d'emberlificoteuse, et j'ai lu. Ah! J'aime.

:)