Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
  

Crachats d'étoiles

Version  XML 
Recherche

Archive : tous les articles

Virgules



Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?


Tournez manèges
*
^
Umjpj


Cumulus sur la rétine


Aujourd'hui je peux dire presque avec satisfaction: je n'ai presque pas d'amis. J'ai toujours détesté avoir des amis, et quand je fêtais mes goûters d'anniversaire (avec les petits chapeaux débiles et les serpentins multicolores) on n'était que quatre. Quatre, moi inclus, évidemment. Alors tout était réduit, comme si on s'était trouvé chez les lilliputiens: petit gâteau d'anniversaire, petits bonbons, petites chansons qu'on ne chantait jamais très haut parce que ça fait ridicule, quand on n'est pas beaucoup.

Mon répertoire téléphonique ferait hurler de rire n'importe qui (moi la première). La plupart des numéros appartiennent à des gens de ma famille: oncle truc, tante bidule, j'en ai plein, ça comble. Y a même ma grand-mère. Avant y avait mon arrière-grand-mère mais elle est morte. Rajoutez ensuite une petite partie de gens à qui je peux demander des services. Et une infime proportion de lui.

Plus je grandis et plus je me rends compte que le seul lien qui existe vraiment est le lien familial. Il parait que j'aurais du faire le chemin inverse: partir de l'idée que le cocon familial était le meilleur endroit du monde, et m'en détacher peu à peu. Râté. Maintenant je suis convaincue que, au milieu de toutes mes explosions, c'est la seule chose qui ne pourra jamais être détruite. A chaque fois je pars, je joue au courant d'air, en invoquant l'insoutenable légèreté de l'être, et puis je finis par retourner sur un siège en plastique du grand jardin de Marc, à faire tourner de ma petite cuillère les pignons dans le thé à la menthe. Et on me sourit comme si on avait été sûr de ne jamais me perdre. La famille est certaine, la famille est solide. Je ne parle pas des parents (tous les structures bipèdes sont bancales), mais de ce foisonnement de cousins-cousines, on ne sait plus qui vient de qui, cheveux noirs cheveux roux, et qui se réunissent toujours autour d'une table ronde (jamais carrée). Ils sont beaufs, un rien vulgaires, banals, fatiguants aussi des fois, avec leurs bières et leurs vieux cigares de polonais qui s'est trompé de siècle, leur yiddish qui râcle les oreilles, leurs plaisanteries jamais très fines, leurs ressassements, leurs amas de souvenirs, leurs enfants qu'ils pondent et qui grandissent tellement vite qu'on a l'impression qu'ils se sont accordés sur un autre espace-temps (le mien, d'espace-temps, est lent jusqu'à l'immobilisme).


Au fond je reviendrai toujours vers leur médiocrité. La famille est médiocre mais sûre; quand tout se barre de mes mains je les tiens encore, eux, cousin truc cousine bidule, et même s'ils me haïssaient me donnaient des coups de pieds pleins les tibias et me jetaient dans un grand bain froid, ils ne pourraient jamais rien faire contre ça : ils resteraient mon cousin truc et ma cousine bidule. Vague impression, à travers eux, de pouvoir fixer un bout d'éternel dans ma tête. Autour de ça, tout bouge.

Ecrit par Kohva, le Lundi 29 Août 2005, 17:48 dans la rubrique "".