Crachats d'étoiles

Je me suis faite demander en mariage par un hypo bavard, à qui j'avais tout simplement voulu donner un peu de réconfort en l'aidant à relativiser sa première-sale-note, et qui a pris ce geste d'extrême magnanité pour une pulsion érotique.

Néanmoins, l'hypo en question ne devait pas avoir regardé assez de films américains dans années 30, parce qu'au lieu d'une demande en mariage en bonne et due forme (avec la bague les genoux et tout le tralala), il a préféré me coller à la gare en ouvrant la clapet béant de son moulin à paroles. Pendant ces cinq minutes de supplice, j'ai pu apprendre que j'étais la khâgn*use la plus compréhensive, la plus proche, la plus accessible (sans me douter du double niveau symbolique de tous ces adjectifs).


Puis, pressé par le rer qui arrivait, il a fini par me demander:

"Eh, t'es maquée?"




-...




Dans le rer, la lumière était presque celle d'une éclipse partielle ; j'avais envie de chocolat très noir ; Hélène ressemblait à tout sauf à une princesse grecque (à cause des cheveux maigres et des yeux de souris) et elle a dit que j'avais l'air un peu triste.


Triste est un mot qu'Hélène, qui verse dans l'euphémisme comme les hypos bavards dans le néoromantisme, utilise si rarement.