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Crachats d'étoiles

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Ma vraie mémoire reparaîtrait

Plus le temps passe, plus j'ai l'impression de vivre dans un aquarium. Les nouvelles parviennent filtrées, assourdies. Je ne peux plus rien saisir. J'ai arrêté de lire les journaux et (excès de snobisme) la télé ne fait plus partie de mes occupations depuis déjà longtemps. La journée commence à dix-huit heures portée par une nuit ventrue, fossilisante.
Une nuit comme l'étang des bog poems.
Le jour, quant à lui, est occupé à produire, presque à la chaîne, des rêves d'un réalisme effrayant.

Quand je suis arrivée ici, à l'EN*, je voulais rattraper le temps perdu et lui briser la nuque à coups de rêves réalisés, à coup de prises sur le monde. J'ai avancé dans la vase et je me suis rendue compte qu'il n'était même pas question de "traversée du désert", puisque j'étais encore esclave. Pour des raisons théoriques et pratiques, je suis incapable d'être ce que je suis. Ca peut sembler de la déprime à tendance geignarde, mais vraiment, c'est quelque chose qui me déchire. Il ne suffisait donc pas de réussir : encore fallait-il être      normalien chez les normaliens.

Mais maintenant, la nuit, j'ai le secret des égarés : je communique avec les lampadaires. Je leur raconte des blagues salaces, des potins, et même de petits mensonges. Quand ils s'éteignent, je peux fermer les yeux, transfusée à l'envers jusqu'à ne plus garder que la substance des fossiles.

Une nuit comme l'étang des bog poems.


---




As if he had been poured
in tar, he lies
on a pillow of turf
and seems to weep

the black river of himself.
The grain of his wrists
is like bog oak,
the ball of his heel

like a basalt egg.
His instep has shrunk
cold as a swan’s foot
or a wet swamp root.

His hips are the ridge
and purse of a mussel,
his spine an eel arrested
under a glisten of mud.

The head lifts,
the chin is a visor
raised above the vent
of his slashed throat

that has tanned and toughened.
The cured wound
opens inwards to a dark
elderberry place.

Who will say ‘corpse’
to his vivid cast?
Who will say ‘body’
to his opaque repose?

And his rusted hair,
a mat unlikely
as a foetus’s.
I first saw his twisted face

in a photograph,
a head and shoulder
out of the peat,
bruised like a forceps baby,

but now he lies
perfected in my memory,
down to the red horn
of his nails,

hung in the scales
with beauty and atrocity:
with the Dying Gaul
too strictly compassed

on his shield,
with the actual weight
of each hooded victim,
slashed and dumped.

(Seamus Heaney)

Ecrit par Kohva, le Lundi 26 Novembre 2007, 01:23 dans la rubrique "".