Les gens devraient avoir les lèvres qui gonflent
proportionnellement à leurs désirs. Je dire ça parce que les miennes menacent
de devenir deux grands paquebots à l’amarrage incertain.
J’ai tout essayé pour les faire rétrécir : du
stretching labial télévisé (on resserre, et on relâche, et on resserre) ;
mettre le feu à des photos d’Emmanuelle Béart ; enlever mon dentier ;
une gaine faciale qu’un policier trop zélé a prise pour une cagoule ; et
même du bouche-à-bouche industriel dans un hôpital qui manquait de personnel.
Les lèvres ont continué à prendre leurs aises.
C’est pas que je sois raciste des grosses lèvres (les
Africaines ont aussi droit au bonheur). Mais voilà, il y a ces histoires avec
le nombre d’or dans les visages de Botticelli : je n’ai jamais rien
compris au nombre d’or, mais j’ai remarqué très vite que mes lèvres
s’accordaient mal avec lui.
Du coup, j’embrasse.