Etrange ce moment où le principe de vie vient surpasser la
pulsion de mort. Mais pas par volontarisme : disons par défaut, épuisement
de la seconde. Ainsi n’y aura-t-il pas d’histoire de résurrection.
Ah si, je fais de la danse de salon. Il y a des types un peu
transpirants, un peu nerveux, qui ont peur de vous tenir et de vous casser le
bras – ou peut-être est-ce mon bras qui a l’air si friable ? Et je les
sens gênés du contact qui s’établit entre nous. Alors ils s’absorbent dans leur
pas, et moi je détaille leur démarche guindée, leur ossature de jeune homme,
bien taillée, pleine de ce principe de vie dont je parlais avant, et qui m’a
fait défaut jusqu’à l’absurde.
Il y avait ce mythe de la télé-portation quand j’étais
petite (on avait des mythes technologiques à l’époque), on disait que ce serait
bientôt possible, et que le seul danger résidait dans le fait que des molécules
pouvaient se perdre en route. Concrètement, on encourrait le risque de se
retrouver avec des morceaux en moins en voulant aller faire ses courses un peu
trop vite.
Eh bien voilà, j’ai perdu des molécules en route, mais de
façon assez régulière du point de vue de la structure d’ensemble, de telle
sorte qu’elles ne manquent qu’à la manière de quelques pixels savamment
escamotés. Quelques rustines, ou alors on évoquera Monnet l’impressionnisme qu’il
faut se reculer pour regarder le tableau, et voilà.
Un peu d’impressionnisme dans ce monde de brutes ma brave
dame.
Je traverse, tous les jours, la grande arcade qui mène à
chez moi, et dont les arches vous englobent de soleil ou de lampadaire, selon l’heure.
J’aime les deux, mais ce que je voulais dire, c’est qu’en passant dans ces
bandes de lumière, je m’imagine toujours irradiée, à la manière d’une radiothérapie.
Ecrit par Kohva, le Lundi 29 Septembre 2008, 02:19 dans la rubrique "".