J'écoutais battre son cœur. Un mouvement sourd, un reflux qui venait s'échouer chaque fois contre moi, avec une intense, une insupportable régularité. J'aurais voulu l'arrêter juste un instant, profiter du silence avant de le faire redémarrer, mais il y avait cette vie contre moi qui s'obstinait à cogner sa rythmique, à réclamer son existence.
Pourquoi m'as-tu abandonnée ? pensai-je, comme si j'anticipais le moment où elle allait le faire ; et soudain je réalisai que ce n'était pas son cœur que j'entendais battre, c'était mon propre mien ; c'était celui de ma mère amplifié par la cavité utérine.
Et puis je compris que j'étais mort et que c'était le cœur de la mort qui battait en moi, en contretemps de celui des vivants, dans le silence, dans l'intervalle laissé par eux.
à 02:42