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Méditation sur la douleur

En vérité je te le dis, il n'y aura personne pour comprendre ta douleur. On te répondra peut-être qu'il s'agit là d'une vision très adolescente, mais c'est tout le contraire. L’adolescent pense que quelqu'un quelque part pourra comprendre sa douleur s'il l'exprime : c'est pourquoi il la dit, il la joue, il la surjoue même parfois. En réalité, et il faut se l'avouer pour entamer le long processus qui mène à la coexistence sociale de ces douleurs, personne n'aime écouter un adolescent se plaindre. Il n'y a rien de plus rébarbatif. Nous sommes peu originaux dans nos afflictions : pourquoi le serions-nous, alors qu'elles se manifestent de façon si lancinante ? Les adolescents ont toujours les mêmes problèmes, et le pire est qu'ils ont raison de les avoir. Ils pensent que personne ne les aime : or qui aime un adolescent ? Le monde entier leur répète qu'ils sont dans une phrase ingrate de leur ridicule existence et qu'ils doivent se dépêcher d'atteindre l'âge qui fera d'eux des personnes dignes de compassion, une fois qu'ils auront renoncé à se lamenter.

A l'âge adulte, donc, nous apprenons à scénariser nos douleurs, afin que nos interlocuteurs les prennent en considération. Nous nous employons à les rationaliser, car nous avons remarqué que la complaisance qu'on leur accorde varie proportionnellement à la gravité des causes auxquelles nous les attribuons. Si tu as eu la chance d'avoir connu un traumatisme majeur, alors il est probable que tu pourras bénéficier d'une oreille un peu attentive. Pour un temps. Car - et c'est une règle invariable que nous apprenons au sortir de l'adolescence - l'expression de la douleur est, à moyen terme, plutôt lassante. Si l'on t'accorde de la sympathie, c'est dans l'espoir d'en voir l'effet concret sur ton chagrin : ne déçois donc pas cette attente, et ne demande pas plus que ta part. Nous découvrons alors que nous pouvons plier notre douleur et nous asseoir dessus, en espérant que notre cul finira par l'éroder. Nous faisons avec elle comme la princesse au petit pois ; elle nous gêne en permanence, mais sans gravité. Nous devenons vivables, en même temps que nous entérinons pour toujours et à jamais son existence subliminale.
Ecrit par Kohva, le Jeudi 23 Février 2017, 21:19 dans la rubrique "".