Continuons dans la série grommelage: le bac m'énerve.
Le bac est la chose la plus ininteressante qui me soit arrivée ces dernières années. C'est l'exercice le plus stupidement conventionnel, le plus banalement raz-les-pâquerettes qu'on puisse demande à quelqu'un de dix-huit ans.
Au bac, il faut faire fi de tout ce que vous commencez à avoir: l'originalité, la réflexion en mouvement perpétuel, la personnalité, la trop grande finesse.
Moi j'en ai assez de voir dans mes commentaires de français "Annoncez le plan moins subtilement". Comme s'il fallait tous être des pauvres brutes qui manient le style-bille comme un marteau:
Le plan se composera de trois parties: en premier... en second... en dernier...
C'est drôle comme les correcteurs de bac veulent absolument que vous soyiez un éléphanteau des mots, quelqu'un qui a des phrases bien scolaires, un vocabulaire basique et ciblé. But ultime: ne pas faire de fautes.
Les fautes bannies, vous pouvez respirer: allez mon enfant, mon petit bachelier stressé et appliqué comme un primaire qui apprend à écrire; reprend ton souffle, tu l'auras, ton diplôme.
Au bac on vous rend informe, conforme. Pire: on vous demande d'être informe. On vous sert des sujets conventionnels, des exercices-types avec des grand 1 grand 2 petit 3 où il suffit de changer vaguement le bocabulaire selon le thème. On vous propose des textes à pleurer, sans aucun style, sans aucun goût. Et surtout, on cherche à ne pas vous dérouter/ éveiller.
C'est peut-être du snobisme mais j'ai connu des choses tellement plus exaltantes, des profs qui appelaient vraiment à quelque chose de créatif, au mouvement, à l'étincelle. Je retombe dans la fadeur presque avec répugnance. La fadeur, c'est le plan-type de philo [obligatoire si vous voulez que le correcteur débordé prenne le temps ne serait-ce que de comprendre votre copie], les "je sais déjà ce que je vais répondre, je vais juste passer quatre heures à le rédiger" en voyant le sujet.
Rassurez-vous, je ne suis pas plus intelligente que vous, mes notes sont là pour le prouver. Et moi aussi, je pédale pour l'avoir, mon bac. Mais ça me déçoit, tout simplement.
Maintenant, je comprends pourquoi il n'y a plus de numéros après la classe de "première". La terminale, ce n'est pas une année où vous montez, où vous apprenez, où vous vous dilatez dans le monde. Au contraire, c'est une année grise, une année neutre, l'année poussière où on doit passer à peu près une dizaine de mois à apprendre à être suffisamment neutre.
à 18:32