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Plus ou moins à notre goût

Demain, je pars avec lui, une semaine dans une ville où vous avez déjà sûrement mis les pieds, une ville pour jeunes dont on revient en disant forcément "Ah, c'était animé, neuf, j'ai adoré". Mais je sais que j'aimerai vraiment, parce que mes yeux réclament une cure de couleurs, parce que les formes déformées donnent envie de se frotter contre elles, parce que j'ai envie de trottoirs décorés. On part demain, dans un avion que vous verrez peut-être si vous levez un peu les yeux.

Je me méfie. Il y a bien longtemps que j'ai appris qu'on ne pouvait jamais faire confiance à l'autre que dans l'instant. Et les rares fois où j'ai dérogé à cette règle (et encore, même pas par conviction: par flemme d'expliquer à l'autre que, même si je l'aime beaucoup, je ne mourrai pas s'il part) ça s'est toujours mal fini. Il faudrait, un jour, que je trouve les justifications adéquates pour faire comprendre pourquoi je ne compte que sur moi, je ne crois qu'en moi (seul credo pour rester en vie, testé et approuvé).

Et lui échappe à peine au lot. Je ne peux pas m'empêcher d'être suspicieuse, et au fond je sais que j'ai raison. Il y a un moment où tout nous quitte et il faut qu'on soit parfaitement solide pour rester entier. Quand on aime, on transsubtiantionne. Je dis "Toi, tu es la matière commune de X dans la rue ce matin, ou de Y qui va chez le coiffeur. Tu n'es rien de plus objectivement, mais moi, je dis que tu es plus. Je dis que tu es le sang d'un dieu, et puis même si ce n'est pas vrai, on va faire comme si." Et consciente quand même que le vin reste du vin. On ne meurt pas pour du vin. On ne meurt pas plus pour X et sa rue, Y et son coiffeur, que pour celui qu'on a élu.

Je peux pourtant aimer énormément. Des fois on me manque, des fois j'ai envie de valser au bord des caniveaux en sa compagnie, d'enfoncer tel autre dans mon ventricule droit et de la laisser parler au tempo de mon rythme cardiaque. Son sourire est une plaque techtonique qui fait trembler Paris quand la ville s'enlise; son menton à lui a quelque chose de Thérèse Raquin qui me donne envie de jouer au foetus dans sa gorge.

C'est juste que l'équation reste la plus simple possible: si on part, c'est moi qui reste. Si tout se barre, on parie combien que je serai encore debout à faire mon bout de chemin? Je me suis sauvée à partir du moment où j'ai décidé de tenir debout coûte que coûte, ou plutôt coûte que qui. Je ne mourrai jamais, jamais, plus jamais pour quelqu'un d'autre. Dans ma tête, il y a l'agrégation de lettres modernes, et un nombre superlatif d'enfants (parce que la famille est la seule chose à ne jamais filer à l'anglaise) ; alors quand on me parle de me blesser pour un tel, je ne peux que rire: un tel n'arrivera jamais à la cheville de mes tuteurs pour plantes délinguées.

Increvable, j'ai dit, à partir de maintenant.

Ecrit par Kohva, le Mardi 25 Octobre 2005, 17:49 dans la rubrique "".