Crachats d'étoiles

(J'ai cette parole dans la tête. C'est d'Aragon. J'aime Aragon...)

J'ai eu un mal de crâne affreux toute la journée. A me frapper la tête avec les poings pour faire passer un peu la douleur. Faut que je dorme plus. Je sais. C'tellement facile de savoir... Et j'aime pas râbacher la même chose. Alors j'vais arrêter.

J'avais écrit pas mal d'articles ces derniers jours mais je m'auto-censure à chaque fois. Peur d'ennuyer les gens... (Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline  Je serrerai la corde au creux de mes deux mains Pour avoir l'illusion que c'est toi que j'étreins Et recevrai le plomb comm' d'un baiser le mime...)

J'aimerais pouvoir écrire d'une traite comme font tous ces gens. Ils arrivent à raconter en détail sans que ça ne soit ni saoûlant ni bête. Ils arrivent à exprimer leurs sentiments. Moi.. oui, j'y arrive, sans doute, oui, oui. Mais ça vire au pathétique ou à l'excessif. Ou à... je sais pas. Cette façon que j'ai de toute romancer. J'voudrais pouvoir écrire commme je parle. Spontanément. Avec originalité.

Je veux beaucoup de choses, je sais :)...

Et puis j'sais pas d'quoi parler... Ah, si, une chose. Une chose qui est resté un peu accrochée dans ma tête ce soir. C'était qu'un évènement anodin mais ça rejoint un tas d'autres évènements semblables...

On dit que je suis cruelle avec les autres.

Je ne peux pas m'empêcher d'être très "sévère" avec pas mal de gens. Les écraser quand je le peux. Les ridiculiser à la moindre connerie. En gros, oui, les dominer. Ca peut sembler horriblement... prétentieux dis comme ça. Mais c'est pas un complexe de supériorité. Juste un immense orgueil personnel et un certain dédain pour les sentiments de ces personnes. Je leur reproche constamment d'être faible. La faiblesse, moi, je ne la supporte pas, peut-être parce que je suis trop fragile à l'intérieur justement... L'extérieur restera beau comme un mur de béton. Ils sont fous, les gens qui veulent s'aventurer à l'intérieur. Qu'est-ce qu'on a à trouver à l'intérieur d'une prison comme moi? Je méprise les faibles, parce que ma plus grande faiblesse, c'est ma dureté. Ce n'est qu'une protection un peu factice pour cacher un sentiment de vulnérabilité. Ca fait décor de carton-pâte...

On me l'a tout le temps dit, en bien comme en mal: "Tu as le comportement d'une reine". Au nom de ça, je me permets d'en écraser certains. La faiblesse, la dépendance aux autres, les geignements, les retournements de veste, le caractères mous, je les hais. Moi je suis forte. Moi je suis indépendante. Moi je suis haïe et je m'en fous. Moi je sais frapper crier réussir négocier arracher s'il le faut.

Je sais mentir aussi...

Aujourd'hui, donc. Je me suis "amusée" à ridiculiser Céline quand à son projet d'affiche. Jusqu'aux larmes. J'aimerais qu'elle me tienne tête, j'aimerais qu'elle me dise, à haute voix "va te faire foutre, Audrey". Mais elle craque tout de suite et va pleurer dans les bras des autres... J'ai eu une myriade de messages d'intermédiaires "Audrey, t'es vraiment cruelle..."

Mon Dieu mon Dieu je suis un Monstre... Comment est-ce qu'on peut écraser quelqu'un sans ressentir de la pitié pour lui? Pitié... Oui c'est c'qu'il me manque... Autant envers les autres que moi. Mon père (Tu seras un homme, ma fille...) disait toujours que la pitié est l'argument du faible. Et je ne suis pas faible, c'est pas vrai, pas vrai.

Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline...

Elle a de la chance, cette Mélinée... On a envie de la prendre dans ses bras. Ce n'est ni une reine ni un monstre. Tous ces sons en "m" et "n", on a l'impression qu'ils la bercent et la protègent: Aragon lui écrit un petit lit de douceur. Mélinée, elle est faible parce qu'elle est amoureuse, et parce qu'elle est orpheline, et parce qu'elle a une prénom de fée.

Entré reine et fée, il faut choisir... La couronne est une très grande barrière...